Après une vrai journée d’exploration de Inle et son lac, je pars en randonnée. En fait la marche de Kalaw vers Inle est assez connue. Un autre trek est fameux en Birmanie: dans les environs de Sippa. Mais avec ma chute de scooter à Mandalay je ne me sentais pas en capacité de prendre le risque pour l’un ou l’autre. C’est pourquoi je m’était dirigé vers Inle en bus directement. D’autant plus que la randonnée de Kalaw vers Inle dure trois jours. J’avais donc laissé passer cet occasion. Mais avec Joanna, une canadienne rencontrée à l’hôtel d’Inle nous voulions tout les deux faire une randonnée. Elle a été super et s’est occupé de trouver un guide et arranger le départ. Je n’avais donc plus qu’à suivre.
Départ de la marche
Le jour suivant le deuxième repas chez « Eminem » donc, nous partons dès le matin. Le guide nous récupère à l’hôtel, nous passons à l’agence de voyage déposer nos affaires qui nous serons remises à l’autre bout de la marche. Je profite aussi de l’arrêt pour acheter un peu d’eau et de répulsif à moustiques. Après quoi c’est reparti à l’arrière d’un tuk-tuk de cross ! Nous nous approchons du flan de la montagne et nous faisons déposer avec notre guide et nos sac à dos dans un petit village.
On s’arrête quelques minutes pour profiter du village, avaler un petit thé (si on peut appeler ainsi ces deux morceaux de feuilles trainant dans de l’eau sale mais chaude) et ensuite c’est parti. On marche quelques centaines de mètres, croisons quelques arbres intéressants puis l’ascension commence.
Le guide et avant lui l’agence de voyage insistent sur la difficulté de ce trek. Particulièrement parce qu’il commence par une ascension difficile. Cela contrairement au trek dans le sens Kalaw vers Inle, beaucoup plus populaire. C’est là mon premier vrai trek dans le sens ou il s’étend sur plusieurs jours et propose de vrai distance à parcourir. Cependant je ne peux pas dire que je le trouve exceptionnellement difficile. En effet l’ascension est plutôt tranquille en comparaison de ce que j’ai pu affronter à Sukhothaï ou Hpa-An.
On ne va pas se mentir, j’ai sué un peu. Mais c’était assez amusant de constater que le guide était plus désireux de faire des pauses que Joanna et moi. Mais ce courageux est parti pour marcher quarante kilomètres avec de bonnes chaussures mais pas de chaussettes. Je n’ai aucune idée de comment il évite les cloques.
Le plateau
Après une petite heure de marche nous arrivons à une sorte de plateau. La pente devient nettement plus douce, on peut observer quelques bovidés paissant et après quelques centaines de mètres nous commençons à traverser des champs et croiser des fermières au travail.
On s’arrête quelques instants pour distribuer des biscuits aux enfants présents (sur les conseils de notre guide, mais pas une pratique que je suis certain d’approuver). Tout le monde est souriant. Le guide prend le temps de nous présenter les différentes cultures et nous expliquer ce qui pousse ici. Il nous indique aussi qu’une fois tout les cinq jours, quand le marché à lieu en contrebas, là d’où nous venons, les femmes prennent leurs marchandises et descendent les vendre et acheter d’autre produits.
Nous reprenons ensuite notre marche qui finit par nous conduire à un petit village. Les hommes sont là, ils travaillent le bambou pour réaliser de grands paniers et d’autres structures. Il est environ midi et nous nous arrêtons dans une sorte d’auberge. On est accueillis par la tenancière qui nous invite à nous assoir au sol, autour d’une table basse. Un bébé dort dans la pièce sous une moustiquaire. On se fait servir du thé pas fameux puis une soupe bien forte en gingembre, ça débouche les sinus et ça donne de l’énergie pour la suite. Le repas se conclue avec des biscuits apportés par notre guide. Quand je remarque une batterie de voiture qui semble être le seul apport en électricité du bâtiment je questionne notre guide. Il m’explique qu’en fait les locaux utilisent l’énergie solaire et la batterie sert uniquement à la stocker. Évidement, aussi loin de tout, le raccord au réseau n’est pas fait.
La ballade de l’après-midi
Après ce repas, c’est reparti pour la marche. On travaille quasiment sur du plat et on commence à vraiment traverser des champs. La vue est époustouflante, champs et montagnes. La terre est presque rouge, probablement argileuse. Il y a tellement de cultures différentes, la terre doit être de très bonne qualité.
On commence à prendre un peu la pluie, heureusement on est équipé pour les sac à dos et on est pas en sucre. On croise parfois des gens posés avec leur parapluies et leur matériel de travail et de pique-nique. D’autres fois ce sont des bovins que l’on croise.
Au bout d’un moment on finit par arriver à un nouveau petit village. Les gens se regroupent pour une sorte de fête apparemment. Les hommes tirent des feu d’artifice, tout le monde se regroupe pour manger, les femmes portent des vêtement colorés.
Après un dernier effort de deux ou trois kilomètres on arrive à notre étape pour la nuit vers 15 ou 16 heures. Beaucoup plus tôt que prévu. Il semblerait qu’on ait un peu séché notre guide, pas assez de pauses.
La soirée
Pas mécontents d’arriver, on met les affaires à sécher. On change les chaussures de marche pour des claquettes. Et on se repose. Puis Joanna et moi prenons une petite ballade dans le village. C’est vraiment super de se trouver dans des endroits reculés comme ça et pouvoir observer la vie locale. Après la ballade on se pose à nouveau là ou on est logés. Pendant le repas on voit passer les habitants rentrants de leur journée de travail. Pour un bon nombre d’entre eux avec un, deux ou trois bovins. Pour certains avec plutôt 10 ou 20. Je dis bovins parce qu’il y a de tout: vaches, zébu, buffles.
Après cela le soleil est couché et il n’y a pas trop d’électricité. De toutes manières pour ma part je suis épuisé. Quelques minutes de navigation internet sur le téléphone puis dodo.
Deuxième jour
Réveil à sept heures, petit déjeuner et toilette expresse et c’est reparti. Pendant la journée on profite encore de vues superbes. Dès le départ on peut observer les travailleurs (et surtout travailleuses) se diriger vers les champs avec leurs outils. Ce sont de vrai cortèges que l’on croise. Mais c’est bien loin des embouteillages du périphérique parisien.
Le terrain est boueux, parfois accidenté et les courbatures de la veille se font sentir. Mais rien n’attaque la bonne humeur de simplement être là.
Au cours de la journée on a l’occasion d’observer (et parfois traverser) de nombreuses rizières. Et de croiser des attelages improbables et des buffles impressionnants.
Le riz qui pousse a certain endroits est simplement sublime et hypnotique avec ses mouvements dans le vent.
La grotte
Cette fois ci pas de pause midi, on marche toute la journée. A un certain moment je commence à ne plus vraiment en pouvoir. Je demande un pause, on en profite pour avaler quelques biscuits. Plusieurs kilomètres plus loin, on finit par arriver à une grotte, censée être une sorte de récompense pour la longue marche. Dans les faits je la trouve plutôt banale par rapport à d’autres que j’ai pu visiter. Cependant elle est clairement très prisée des locaux car remplie de bouddhas.
Après cela on repart pour le dernier tronçon et on finit par arriver à Kalaw en fin d’après-midi. La marche du deuxième jour aura tout de même couvert 31 kilomètre en un peu plus de 8 heures, pauses incluses. C’est un vrai plaisir de voir d’abord la route descendre, puis les premiers signes de civilisation. Mais le vrai soulagement c’est la douche chaude et le lit de l’hôtel.