Quand on veut visiter le Myanmar, plusieurs options sont possibles. La première qui vient à l’esprit et la plus simple est d’arriver par avion. Mais quand on fait un périple en Asie du Sud-Est il peut être tentant d’emprunter la voie terrestre. Dans mon cas j’étais en Thaïlande auparavant, le passage du poste frontière était donc tout indiqué. Trois options sont possible à l’heure actuelle : Mae Sai, Mae Sot et Ranong. Mae Sai se situe dans le nord, à proximité de Chiang Rai et du triangle d’or. Le passage est probablement intéressant mais la route vers Mandalay est interdite aux étrangers et pour accéder au cœur du Myanmar il faut prendre un vol intérieur. Ranong est situé à la limite Sud de la frontière. Comme je ne souhaitais pas aller vers le Sud de la Thaïlande mon choix s’est porté sur Mae Sot.
La ville de Mae Sot
Les trajets en bus étant assez long et inconfortable, avec mon camarade de voyage allemand, Peter, nous décidons de prendre une nuit d’hôtel dans la ville de Mae Sot. En partant de Sukhothaï, la route est montagneuse et nous offre quelques panoramas impressionants. Nous arrivons à Mae Sot en début d’après-midi et en profitons pour visiter le marché local.
Ce qui est assez dingue ici c’est la présence de Birmans. Certains sont ici car ils font partie de la minorité musulmane et fuient le Myanmar. D’autres profitent certainement des opportunités économique qu’une zone de frontière peut offrir. En tout cas on les repère aisément grâce à leurs habitudes vestimentaires différentes des Thaïs.
Comment passer la frontière ?
S’y rendre
Le matin nous quittons l’hôtel à 9h comme prévu.
Tout d’abord on repère les bus qui pourront nous emmener à la frontière. La première version recommandée par les employés de l’hôtel coûte 50 baths par personne et sont des sortes de vans climatisés. Nous optons pour la deuxième option. Celle qui consiste en un pickup rempli de locaux. Beaucoup plus authentique et 60% moins cher !
Une fois le repérage fait l’objectif est de trouver un petit déjeuner avant de se mettre en route. Nous avons la journée devant nous et il vaut mieux prendre des forces. Nous trouvons un petit café où je profite de mon probablement dernier thé thaï et Peter d’un incroyable Espresso servi à température ambiante…
Après s’être abreuvés nous traversons le marché local une dernière fois en direction de notre bus. Évidemment le conducteur attends que le remplissage soit optimal avant de partir. Et là où les normes de sécurité imposeraient un maximum de 8 passagers en Europe, nous sommes 19 dans le véhicule. Avec nos énormes bagages en bonus.
Le trajet jusqu’au poste frontière situé à l’entrée du pont prends une quinzaine de minutes pendant lesquels on a le temps d’admirer les innombrables camions de marchandises destinées à l’export que nous doublons.
Le visa
Petit aparté technique : le Myanmar n’a pas à l’heure actuelle de système de visa à l’arrivée. Il est donc absolument nécessaire de faire sa demande de visa en avance. Deux méthodes sont possibles : le passage à l’embassade et la demande électronique. Comme le prix est rigoureusement le même, 50$ j’ai bien sûr choisi la version électronique. C’est plutôt simple : numéro de passeport, nom, prénom, hôtel choisi, une photo d’identité et le choix du point d’entrée. On paye en ligne et on attend, trois jours en théorie. Peter a obtenu sa confirmation en dix minutes. Pour ma part j’ai envoyé la demande vers 18h (fin des horaires de bureau) et obtenu la réponse le lendemain vers 9 ou 10 heures.
Une fois la confirmation obtenu vous disposez de 90 jours pour vous présenter à la frontière. A partir de votre entrée le visa est valide pour 28 jours. La confirmation n’est pas un visa en soit donc tant qu’on a pas le tampon sur le passeport l’entrée n’est en rien garantie. Le document indique qu’il faut l’avoir imprimé ainsi qu’un billet d’avion sortant du pays et une preuve de fonds suffisants. Je me suis passé du billet d’avion mais j’avais une preuve d’assurance rapatriement en rab. Peter n’avait aucun de ces documents mais une preuve de réservation d’hôtel en Thaïlande pour 28 jours plus tard dans son téléphone.
Le passage
Donc, plus ou moins parés à tout nous nous présentons au premier poste frontière, côté thaï. La formalité est ultra rapide : rendre la feuille de sortie remplie lors de l’entrée, une petite photo et le tampon de sortie sur le passeport. Attention ! Il est tout à fait possible de passer à côté de cette procédure. Mais si vous avez la moindre intention de revenir un jour en Thaïlande, mieux vaut être en mesure de prouver que vous êtes sortis en temps et en heure.
J’avais entendu parler de certains passages de frontière où on vous fait attendre pour vous motiver à payer une petite somme récompensant le bon travail des douaniers. Ici rien de tel. Pas ce jour là en tout cas.
Après cela on traverse à pied le pont de l’amitié, financé exclusivement par la Thaïlande. Le moment est symbolique, je suis un français coincé entre deux pays sans certitude absolue de pouvoir rentrer dans l’un ou retourner dans l’autre. Au milieu du pont, un feu alterne le passage de véhicules qui doivent changer de côté. En effet, la Thaïlande, jamais colonisée roule à gauche et le Myanmar, ancienne colonie britannique roule à droite. Allez comprendre…
Après avoir accompli les 400 mètres de marche sur le pont on arrive au poste frontière Birman.
Sans surprise, cette fois c’est un peu plus long. On remplit une carte d’arrivé, signe un petit livre d’or puis on rentre dans le bureau d’immigration. Il faut présenter le passeport et tout les documents. À peine un coup d’œil sur les documents, pas de questions supplémentaires. Tout est tamponné, double tamponné. On prend une photo et c’est parti. Easy game !
Rejoindre Hpa-An
Un local parlant un anglais très correct nous aborde pendant ce temps là, nous guide pour le peu qu’il y a à faire, pose quelques questions, nous informe de la demi heure de décalage horaire… Oui, une demi heure. Genre on fait pas comme les autres ici. On veut une demi heure de décalage avec la Thailande, on veut conduire à droite mais avec des volants à droite aussi.
Bref, le gars est clairement intéressé et nous guide directement vers les transports prêts à nous bringuebaler à notre hôtel. Conseil important ici : ne prenez jamais la première offre qu’on vous propose, sachez dire non et comparez.
De fait il nous trouve à 2 mètres du poste frontière un taxi près à partir de suite pour une somme astronomique. Nous refusons poliment et cherchons un peu plus alentours. Le gars nous suit et fait la traduction avec chaque chauffeur que nous trouvons. Nous finissons par en choisir un au tarif raisonnable et verser un petit pourboire au traducteur. Un van pour deux personnes et c’est parti pour trois heures de route vers notre prochaine destination.